Je pense que nous devons engager une réflexion sur ce qui pourrait être fait pour trouver des solutions à cette décadence si l'on ne veut pas payer au prix fort les nanorobots qui débouchent des veines et réparent des anomalies cardiovasculaires, les traitements contre le cancer, ...
Je me demande pouquoi les enseignants du secondaire dans l'ensemble ne se sentent-ils pas vraiment concernés par le problème des sciences ?
Egoisme aveuglant ou manque de visibilité ?
Je ne comprends pas comment des enseignants qui normalement SAVENT ne se sentent pas concernés par le problème :
L'enseignant de langue sait que lorsqu'il fait des photocopies pour ses élèves, 99 fois sur100 la machine qu'il utilise n'as pas été produite en France. Il sait que former des scientifiques qui savent argumenter, parler, écrire et communiquer avec les autres contribue à ce que la bataille contre l'ignorance populaire recule.
L'enseignant d'histoire et de géographie sait mieux que quiconque l'importance de la science et ses implications économiques,... lorsqu'il analyse avec ses élèves les raisons des différentes guerres ...
L'enseignant de philosophie le sait aussi lorsqu'il décortique avec ses élèves l'histoire des différents penseurs et analyse avec eux comment l'homme est sorti de la mythologie en abordant différentes faces de l'histoire des sciences.
Les enseignants d'éducation physique, artistique et musicale, ...., de mathématiques, de sciences physiques, de sciences de la vie et del'univers, de technologie,.....des filières techniques proprement dites le savent aussi parfaitement.
Une observation personnelle : Le pays est encore assez compétitif ( produit de la richesse $$) dans les domaines classiques (industries du 20ème siècle). Le restera-il au 21ème siècle?
Ces élèves ou étudiants qui se détournent des sciences ne le font pas sans raison. Ils le font parce qu'ils savent que cela ne paye plus de faire de la science, ce qui est inquiétant pour la production de richesses d'un pays.
Ailleurs, les élèves, les étudiants, les professeurs, les chercheurs et les décideurs ont un autre point de vue sur la question. Ils attachent de l'importance à l'éducation et à la formation d'individus capables de déchiffrer ce monde complexe dans lequel nous vivons actuellement. Si nous ne formons pas de scientifiques capables de discuter avec eux, nous n'aurons même pas notre mot à dire sur les orientations que peut prendre le progrès technique ; OGM , Clonage,...
En tant que pays solvable, nous serons et nous le sommes déjà de plus en plus, de bons clients pour ces pays ayant pris de l'avance sur nous en matière de progrès scientifique. En effet, nos médecins (même ceux qui choisissent de faire cela pour de l'argent !) ne vont tout de même pas laisser crever leurs patients si de nouveaux médicaments ou de nouvelles techniques existent. On nous vend des appareils avec le mode d'emploi et la garantie et c'est tout.Un bon pays consommateur !!!!! voilà où peut mener une réflexion sans doute partie d'une intention partiellement éclairée ?
Naceur Bouziani
jeudi, juin 08, 2006
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3 commentaires:
Je ne comprends pas bien votre propos : en quoi est-ce la faute des enseignants si les jeunes se détournent des sciences ? Selon vous, que peuvent-ils (doivent-ils) faire pour freiner cette désaffection ? Ce n'est sûrement pas à leur niveau que se situe le problème. Si les jeunes se détournent de la science, ce n'est par manque d'intérêt mais par réalisme.
Vous voulez des chercheurs ? Mais c'est un vrai parcours du combattant pour arriver à le devenir dans ce pays. Et je ne parle pas ici de la capacité intellectuelle. Je parle bien du choix de vie que cela représente. Les sacrifices sont nombreux. Tout d'abord sur le plan financier : un thésard, quand il est payé, gagne moins que le smic. Il ne commencera à cotiser pour la sécu ou la retraite qu'à partir de 30-35 ans, ce qui anéantit tout espoir d'obtenir un jour une retraite complète. Ensuite je parle des importants sacrifices familiaux : impossible aujourd'hui d'obtenir un poste de chercheur en France sans fait plusieurs années de postdoc à l'étranger. Quand on est marié, est-ce que votre conjoint est prêt à sacrifier sa propre carrière et vous suivre lors de vos multiples déménagements de pays en pays tous les deux ans ? Ou alors il faut se résoudre à vivre séparés par un océan pendant plusieurs années. On pourrait aussi évoquer l'âge de la première grossesse pour les chercheuses…
Vouloir faire de la recherche, ça veut dire entreprendre des études longues et très compétitives (une bourse de thèse, ça ne se trouve pas dans une pochette surprise) pour vous retrouver à plus de trente ans (bac+8 +3 ans de postdoc = bac+12), sans vie de famille, sans contrat stable, et surtout sans garantie d'avoir un poste en rentrant. Il faut vraiment être stupide, ou masochiste ou complètement dévoué à la science (ou les trois à la fois) pour se lancer dans une thèse aujourd'hui.
Les jeunes ne sont pas idiots. Ils ont une vision très réaliste de la situation de la recherche en France. Et franchement, je les comprends quand ils se détournent de ces filières (où je suis pourtant enseignant-chercheur).
Le problème de la désaffection des jeunes pour la science ne vient pas des enseignants du secondaire. Il s'agit d'un problème politique beaucoup plus général. Si le gouvernement ne donne pas des preuves de sa volonté de soutenir la recherche (concrètement, ça veut dire augmenter le nombre de postes), je déconseille à mes étudiants de s'engager dans une thèse.
je complète un peu mon précédent commentaire. On pourrait m'objecter que votre billet ne parlait pas directement des thésards et des chercheurs. Pourtant c'est bien de cela qu'il s'agit quand vous écrivez "on ne veut pas payer au prix fort les nanorobots qui débouchent des veines et réparent des anomalies cardiovasculaires, les traitements contre le cancer".
Jamais une entreprise privée ne règlera une seule de ces questions si elle ne s'appuie pas sur une recherche fondamentale (entendez publique) forte. Les scientifiques dont nous avons besoin pour aborder ces questions ne sont pas seulement des techniciens et des ingénieurs, mais aussi des docteurs ! Or plus personne ne veut se lancer dans une thèse aujourd'hui. Et pour cause ! Ce n'est pas que les enseignants du secondaire font mal leur travail.
Bonsoir procrastin,
Je suis plus que d'accord avec votre analyse !
Cependant, compte-tenu de la situation que faut-il faire ? prêcher l'obscurantisme ? Adopter une attitude cynique envers les jeunes comme le font si bien les décideurs de ce pays ? ...
J'ai vu des enseignants du secondaire, de bonne foi, expliquer à leurs élèves les difficultés que vous avez très bien détaillées dans vos deux excellents commentaires et que j'ai plus que vécues ...Après une thèse et 3 ans de post-doc aux US séparé de mon épouse par 2 océans(Hawaii), je n'ai même pas eu la chance d'obtenir un poste d'enseignant-chercheur.
J'ai même mieux, je viens de lire une biographie d'un arrière arrière grand-père de mon épouse - un des pères de la médecine et collègue de Claude Bernard. On dirait que rien n'a changé dépuis. Le livre est d'une actualité frappante concernant la situation difficile de la recherche scientifique actuelle !
La vraie question est : que faut-il faire si les décideurs sont cyniques envers les générations futures du pays?
Je n'ai pas d'autre réponse que la résistance. C'est ce que je fais à contre-coeur car le risque est irréversible cette fois si nous manquons de bons scientifiques,pas des moutons,pas des dociles, des bons, des vrais pas des individualistes.
Naceur Bouziani
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